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Voyage dans l’univers de plantes médicinales au cœur du jardin du Cloître de Chelles

Pour redonner à un lieu historique sa valeur patrimoniale, quoi de mieux que de le faire revivre comme autrefois ? Depuis 2007, la municipalité de Chelles a décidé de redonner de sa superbe au jardin du cloître de l’ancienne abbaye royale. L’objectif ? S’inspirer des jardins monastiques médiévaux tels qu’ils étaient à l’époque pour éveiller la curiosité, perpétuer des savoir-faire qui ont traversé les siècles, et partager la connaissance des plantes qui soignent et qui nourrissent.

 

Principes et symbolique du jardin monastique au Moyen-Âge 

 

Quelques principes du jardin monastique médiéval 

 

Le jardin monastique médiéval est régi par des règles précises : espace clos, protégé de l’extérieur ; intégré dans un cloître ; divisé en parterres carrés (ou quelquefois rectangulaires) de même dimension, formant un damier régulier ; etc.

Y sont cultivés tous les végétaux répondant aux besoins alimentaires, thérapeutiques et ornementaux des moines ou des religieuses. Le jardin facilite la vie en autarcie, à l’abri des tentations du monde. Il est composé de 4 espaces : le jardin des simples, le potager, le verger et le bouquetier.

 

Symbolique du jardin monastique 

 

Le jardin monastique médiéval, comme le jardin du cloître de l’ancienne abbaye royale de Chelles en son temps, est lié à une symbolique forte : il représente le jardin d’Éden.

Au centre, arrosé par un fleuve se divisant en 4 bras, poussait l’arbre de vie.

De là découle l’importance du chiffre 4, synonyme de perfection, qui sert à l’élaboration du jardin :

  • le carré ;
  • les 4 espaces du jardin monastique ;
  • les 4 allées du jardin (qui figurent les 4 bras du fleuve).

Le puits au centre du jardin du cloître de l’abbaye royale de Chelles symbolise quant à lui l’arbre de vie.

 

Zoom sur les 4 espaces du jardin monastique au Moyen-Âge 

 

plantes médicinalesDe nombreux monastères et abbayes possédaient un jardin s’inscrivant dans la conformité du Capitulaire De Villis.

Dans cet acte législatif datant de la fin du 8ème siècle ou du début du 9ème siècle, Charlemagne avait indiqué une liste de 94 végétaux (73 plantes et herbes, 16 arbres fruitiers, 3 plantes textiles et 2 plantes tinctoriales, autrement dit employées en teinture) devant être obligatoirement cultivés dans les domaines royaux.

Aujourd’hui, le seul exemplaire de ce texte est conservé à la bibliothèque de Wolfenbüttel en Allemagne. Il permet de connaître les végétaux cultivés à l’époque.

 

 

Le jardin des simples ou herbularius : soigner les maux

 

Le jardin des simples ou jardin des plantes médicinales est généralement situé à proximité de l’infirmerie pour faciliter les soins. L’infirmerie est sous la responsabilité d’un moine ou d’une religieuse rompus aux vertus thérapeutiques des plantes. Elles sont utilisées en infusions, pommades, onguents, cataplasmes.

Le saviez-vous ?

Les plantes médicinales sont aussi appelées « simples » au Moyen-Âge, par opposition aux préparations officinales complexes qui, elles, sont « composées » de plusieurs ingrédients.

Dans le jardin des simples, les plantes sont regroupées en fonction du type de maux qu’elles soignent :

  • les panacées, étymologiquement « remède de tout », aux fonctions thérapeutiques multiples.
    La bétoine a la réputation de soigner plus de 30 maux. La sauge officinale est recommandée contre la fièvre, l’angine, la dépression, les vomissements, etc.
  • les plantes liées à la théorie des signatures, théorie considérant que l’apparence (forme ou couleur) de la plante indique l’organe qu’elle soigne.
    C’est le cas de la pulmonaire officinale, dont les feuilles tachetées s’apparentent à la forme des poumons et aux alvéoles pulmonaires, ou du bleuet, utilisé pour les problèmes oculaires.
  • les plantes stomachiques, soulageant les maux de ventre : le chardon Marie qui agit sur les troubles fonctionnels de la digestion et sur les maladies hépatobiliaires, et la menthe sauvage réputée pour ses propriétés antispasmodiques.
  • les plantes pour la purge, employées en cas de déséquilibre entre les 4 humeurs sur lesquelles repose la santé : le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile noire.
    L’asaret est considéré comme l’un des meilleurs vomitifs, et le ricin, encore utilisé de nos jours en médecine ayurvédique pour détoxifier l’organisme, comme un puissant laxatif.
  • les plantes contre la fièvre (perçue à l’époque comme une maladie à part entière plutôt que comme un symptôme) dont font partie la reine des prés et la petite camomille.

 

 

 

 

 

 

  • les plantes expectorantes, indiquées dans les affections des voies respiratoires : la réglisse dégageant les bronches, la guimauve apaisant les maux de gorge et calmant la toux.
  • les plantes cicatrisantes telles la renouée des oiseaux ou l’aigremoine.
  • les plantes sédatives, pouvant être utilisées sur des patients dont le corps est soumis à rude épreuve : la valériane, le houblon.

 

 

  • les plantes réservées aux femmes, comme la mélisse diminuant les nausées liées à la grossesse, et la rue ou herbe de grâce utilisée pour déclencher les contractions lors de l’accouchement.

Notez qu’il n’est pas étonnant de trouver, parmi les plantes médicinales, des plantes aromatiques et condimentaires qui ont des vertus thérapeutiques.

 

Le bouquetier 

 

Le bouquetier est le jardin des fleurs ornementales, propice à la méditation. Les fleurs cultivées servent à décorer l’autel et la chapelle.

Certaines fleurs sont particulièrement appréciées pour leur symbolique :

  • les roses et lys blancs symbolisent la virginité ;
  • les roses rouges représentent la passion du Christ.

On retrouve un bouquetier dans le jardin du cloître de l’ancienne abbaye royale de Chelles réaménagé.

 

 

Le potager ou hortulus 

 

Le potager contient toutes les plantes qui assurent la subsistance de la communauté, et dont on mange soit la racine, soit les feuilles.

Il est lui aussi organisé par types de plantes potagères :

  • plantes à cuire (chou, betterave, chicorée…)
  • plantes dont on consomme la racine (carottes, panais, poireaux…)
  • légumes et graines (lentilles, pois, fèves…)
  • aromates et condiments (aneth, persil, ciboulette, thym…)
  • cucurbitacées (melon, concombre…)
  • céréales (épeautre, seigle…)

 

Le verger ou pomarius 


On y trouve des arbres fruitiers qui diffèrent selon les régions :

  • pommiers ;
  • poiriers ;
  • pruniers ;
  • amandiers ;

 

À l’époque médiévale, le jardin du cloître de l’abbaye royale de Chelles, comme la plupart des jardins monastiques, était un concentré de tous les bienfaits de la nature. Une nature ordonnée, apprivoisée, essentiellement utilitaire.

Ce jardin réaménagé fait partie du patrimoine exceptionnel de la ville.

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Sources : chelles.fr, tourisme-pvm.fr, arrosoirs-secateurs.com, accueil-vendee.com

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