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Bâtisseurs de cathédrales : le défi de la grâce éternelle

Lorsqu’on regarde les cathédrales s’élancer très haut vers le ciel, il y a de quoi avoir le vertige ! Une question s’impose. Comment ont-ils pu ?… Oui, comment, au Moyen-Âge, avec les outils rudimentaires de l’époque, des hommes ont-ils réussi à concevoir et à construire de tels chefs-d’œuvre architecturaux ?
Les bâtisseurs de cathédrales ont défié les lois de la gravité avec une audace qui force encore aujourd’hui l’admiration. Comment des chantiers d’une telle envergure étaient-ils possibles ?

cathédrale Notre-Dame-de-Paris

Notre-Dame de Paris (photo prise avant le 15 avril 2019)

 

Qu’est-ce qu’une cathédrale ?

On sait tous à quoi ressemble une cathédrale. Mais on ignore bien souvent qu’elle ne se définissait ni par ses proportions ni par son style architectural.
Une cathédrale était jadis une église servant de siège à un évêque. Chaque évêque ayant en charge un territoire : le diocèse. Et chaque diocèse ayant sa propre cathédrale.

Ceci a son importance pour comprendre la « folie des grandeurs » et le « toujours plus haut » auréolant autrefois la construction des cathédrales.

En effet, les évêques mesuraient le prestige de leur diocèse à la hauteur de leur cathédrale. Chacun voulant que sa cathédrale soit plus grande, plus haute, plus impressionnante que celles déjà existantes.
Les limites de l’imaginable vont donc sans cesse être repoussées…

Notre-Dame de Strasbourg

Notre-Dame de Strasbourg

 

Qui étaient les bâtisseurs de cathédrales ?

Derrière les bâtisseurs de cathédrales se cache une belle diversité de corps de métier, d’artisans talentueux, de savoir-faire éprouvés.

L’architecte, un homme très demandé

L’architecte, ou plutôt le maître d’œuvre ou docteur en pierre comme on l’appelle à l’époque moyenâgeuse, est un expert en la matière.
C’est souvent un ancien tailleur de pierre qui a acquis, au fil du temps, un haut niveau de connaissance et qui maîtrise la pratique architecturale. 

Les maîtres d’œuvre, peu nombreux, sont très disputés par les évêques.

Le parlier, assistant du maître d’œuvre

Le parlier est le contremaître. Il transforme les plans du maître d’œuvre en dessin technique, qui sert de guide aux différents artisans. C’est lui qui coordonne les corps de métiers et veille au bon déroulement du chantier.

Des artisans hautement spécialisés

Le chantier d’une cathédrale au Moyen-Âge exige d’importantes ressources en Hommes :

  • des tailleurs et sculpteurs de pierre, les plus recherchés et les mieux payés ;
  • des charpentiers ;
  • des maçons ;
  • des verriers ;
  • des forgerons…

>> Pour en savoir plus sur la grande histoire de France, gravée dans la pierre

Rosace, Notre-Dame de Paris

Rosace, Notre-Dame de Paris

 

Une organisation parfaitement rodée

Les techniques de construction d’une cathédrale sont artisanales. L’amateurisme n’a pas sa place. Pas question de s’improviser tailleur de pierre !

Au sein de chaque corps de métier, il existe une hiérarchisation extrêmement forte, liée au degré de qualification.

Regroupés autour d’un maître, les artisans de chaque spécialité se réunissent dans leur loge, installée aux abords de la cathédrale.

Ces loges sont en quelque sorte des ateliers où les artisans :

  • entreposent leurs outils ;
  • prennent leurs repas ;
  • se reposent entre 2 tâches.

Mais c’est surtout là qu’ils perfectionnent leur art et transmettent leur savoir-faire aux apprentis.

Itinérants, ces artisans unis par le geste du métier s’apparentent aux ancêtres des Compagnons du Devoir.

Les bâtisseurs de cathédrale, au service de chantiers pharaoniques

 

Le défi du temps

Bâtir une cathédrale demande du temps, beaucoup de temps. Ces chantiers titanesques pouvaient durer de quelques décennies à parfois plusieurs siècles :

  • 32 ans, un délai court pour Notre-Dame de Chartres ;
  • quelque 150 ans pour Notre-Dame de Paris ;
  • plus de 300 ans pour Notre-Dame de Reims ;
  • environ 400 ans pour Notre-Dame de Strasbourg…

Cela signifie que :

  • l’architecte chargé d’initier la construction d’une nouvelle cathédrale ne voit jamais son œuvre achevée ;
  • des générations d’artisans défilent sur un chantier.
Notre-Dame d’Amiens

Notre-Dame d’Amiens

 

Le défi financier

Coût des matériaux, des outils, des fournitures, des salaires, le tout sur des dizaines d’années… Le budget nécessaire à la construction d’une cathédrale était pharaonique ! D’ailleurs, il n’était pas rare que le chantier s’arrête, le temps que soient trouvés les financements nécessaires à la poursuite des travaux.

La construction des cathédrales était en grande partie financée par les fonds personnels de l’évêque et les revenus du diocèse : dîme (taxe perçue sur les recettes agricoles), droits seigneuriaux, etc. S’y ajoutaient :

  • les dons liés à la foi populaire ;
  • le commerce des indulgences (les évêques « offraient » des remises de peine contre de l’argent) ;
  • les financements des bourgeois ;
  • les dons matériels des corporations (boulangers, drapiers, cordonniers…).

Le saviez-vous ?
Dans la cathédrale de Chartres, les corporations ont offert 45 vitraux les montrant dans l’exercice de leur métier : une façon de faire de la publicité avant l’heure !

Vitraux, Notre-Dame de Chartres

Le défi technique : le génie des bâtisseurs de cathédrales

Le gigantisme des quelque 80 cathédrales qui fleurissent sur le sol de France entre 1015 et 1350 est rendu possible par une révolution architecturale. Elle marque la naissance du style gothique :

  • les murs épais sont remplacés par de grands vitraux qui inondent les édifices de lumière ;
  • l’arc brisé permet d’élever très haut les voûtes ;
  • la croisée d’ogives reporte le poids des voûtes, non plus sur les murs, mais sur des piliers ;
  • les arcs-boutants absorbent les poussées horizontales.
Croisée d’ogives, Notre-Dame de Chartres

Croisée d’ogives, Notre-Dame de Chartres


Le saviez-vous ?
Les innovations techniques sont perfectionnées de cathédrale en cathédrale. Par exemple, les bâtisseurs de Notre-Dame de Paris ont eu l’idée de transformer les arcs-boutants de 15 m d’envergure en rigoles destinées à évacuer l’eau de pluie. À leur extrémité, des gargouilles rejettent l’eau loin des murs pour les préserver. Un système encore en service aujourd’hui !

cathédrale Notre-Dame-de-Paris

Arcs-boutants transformés en rigoles, Notre-Dame de Paris

Qui plus est, le savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales est basé sur… la géométrie ! Leurs principes de construction reposent sur les formes fondamentales : le carré, le triangle et le cercle.
Et pour hisser de lourdes charges… très, très haut ? Ils ont recours à d’ingénieux systèmes de levage. Par exemple, la roue à écureuil ou le cabestan utilisent l’énergie humaine pour démultiplier la force de traction.

Statue L’Ange au sourire, Notre-Dame de Reims

Statue L’Ange au sourire, Notre-Dame de Reims

 

Ces bâtisseurs de cathédrales ont fait rayonner l’art gothique, aussi appelé « art français », par-delà les frontières et à travers le temps… jusqu’à nos jours !

>> Les cathédrales vous fascinent ? Suivez-nous pour une découverte surprenante : la cathédrale russe orthodoxe de Nice !

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Crédit photos article dans l’ordre d’apparition : Jose Ignacio Soto, Laurent Didier, Daliu, Chrew18, Alf, Atlantis, Puntostudiofoto Lda, JF Bruneau, Natalia Bratslavsky
Crédit photos diaporama dans l’ordre d’apparition : Vichie81, Netfalls, Henryk Sadura, Kovalenkovpetr, Puntostudiofoto Lda

Sources : oeuvre-notre-dame.org, Imineo Documentaires, Visites Privées, Documentaires TV, cathedrale-chartres.org, chartres-tourisme.com

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