[Portrait d’archimiste*] : Nathalie Couineau de l’agence des Clics et des Calques

 

Vous avez toujours voulu en savoir plus sur le métier d’architecte ? À travers la rubrique Portrait d’Archimiste, Le Mag’ donne la parole aux architectes partenaires de Construction Verrecchia. Parce que derrière chaque réalisation Verrecchia, des hommes et des femmes contribuent, par leur talent, à dessiner le paysage de nos villes ou, par leur regard expert, à valoriser vos espaces intérieurs et extérieurs.

C’est Nathalie Couineau qui ouvre cette série de portraits. Nathalie Couineau a été l’une des 2 architectes partenaires de Verrecchia sur l’opération City Lights, le premier ensemble résidentiel en pierre de taille massive à Noisy-le-Sec, d’inspiration new-yorkaise.

 

 

Où tout a-t-il commencé pour vous ? 

Nathalie Couineau : Sur les bancs de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville. Parce que l’histoire de notre agence des Clics et des Calques, c’est avant tout l’histoire de 3 complices : Camille Besuelle, Mathilde Jauvin et moi-même. Nous nous sommes rencontrées en première année d’archi et avons parcouru un bon bout de chemin ensemble… jusqu’à fonder notre propre agence d’architecture des Clics et des Calques, en 2012.

 

Justement, fonder sa propre agence est un acte engageant. Comment avez-vous procédé pour vérifier que l’alchimie allait opérer, que la clique que vous formiez avec Camille et Mathilde était la bonne ?

NC : Nous avons décroché notre diplôme d’architecte toutes les 3 en même temps. Pendant environ un an, nous avons fait nos armes en agence. Pour ma part, j’ai enrichi mes compétences sur des projets variés en tant que salariée au sein de l’Atelier Nord-Sud : base nautique à Urville-Nacqueville, hôtel de ville à Raids, logements collectifs à Cherbourg…

Mais très vite, l’envie de voler de nos propres ailes s’est faite prégnante.

Avant de se lancer officiellement, notre trio a participé à des concours d’idées. Nous avons, par exemple, été lauréates du concours Arpafil avec El esqueleto eclectico, un lotissement vertical de 2 000 logements à l’architecture très aérienne, à Guadalajara, au Mexique.

Les concours d’idées ont été autant d’occasions de tester le fonctionnement de notre trinôme, de nous challenger et de nous créer des références.

En parallèle, nous avons travaillé sur nos premières commandes respectives, obtenues dans nos cercles familiaux et amicaux.

 

On imagine qu’il n’est pas facile de se faire un nom dans le milieu de l’architecture. Vous aviez le savoir-faire, comment vous y êtes-vous prises, au départ, pour le faire savoir ?

NC : Notre constat était celui-là : personne ne nous connaissait, donc personne n’allait faire appel à nous. Du coup, l’idée de monter un projet de logements collectifs en autopromotion a rapidement germé. C’est ce projet qui marque véritablement la genèse de notre aventure collective.

Nous avons commencé par faire le tour des différents secteurs de Seine-Saint-Denis pour trouver le site permettant de concrétiser le projet… Ce site, nous l’avons trouvé à Pantin. À partir de là, nous avons fédéré une dizaine de futurs habitants autour de notre projet et, en co-investissant à 10, nous avons pu lancer la construction de cet ensemble de 13 logements, complétés d’un local professionnel.

 

Quels effets bénéfiques avez-vous retirés de cette opération ?

NC : Nous avons fait coup double : deux d’entre nous ont acheté leur propre appartement au sein de la réalisation, et nous nous sommes dotés d’une référence dans le logement. Cette visibilité nous a permis de candidater à davantage de consultations publiques.

C’est aussi au sein de cette réalisation Melrose Sheds, livrée en 2013, que nous avons installé les locaux de notre agence, dans lesquels nous sommes toujours aujourd’hui.

La même année, nous avons également été promues dans l’Album des jeunes architectes et paysagistes par le ministère de la Culture. Cette distinction, gage de fiabilité, a contribué à développer notre légitimité, notamment auprès des maîtres d’ouvrage.

 

Aujourd’hui, quels sont les domaines d’intervention de votre agence ?

NC : Nous travaillons sur des marchés publics : maisons de quartier, salles des fêtes, écoles, médiathèques… Mais plus exclusivement, désormais.
L’expérience avec Verrecchia pour City Lights a été très enrichissante dans le sens où elle nous a offert l’opportunité de collaborer avec un promoteur immobilier, et sur une belle opération de logements en pierre de taille.

 

Hormis ses clics et ses calques, quelle est la singularité de votre agence ?

NC : Dans le cadre de mes études d’architecture, j’ai passé ma 5e année au Mexique. Cette expérience a donné un petit tropisme sud-américain à notre agence initiant :

• des concours ouverts dans différents pays d’Amérique du Sud ;
• des projets de construction participative comme celui du Centro de Pensamiento (Centre de la pensée) en Colombie, réalisé en bambou.

Voilà 5 ans, nous avons été lauréates d’un concours pour le Lycée français de Madrid et nous avons travaillé en tandem avec une agence madrilène. La confrontation de nos cultures architecturales s’est révélée des plus enrichissantes.

 

Nous cultivons cette ouverture sur le monde : c’est une source d’inspiration permanente. Nous veillons à ne pas nous enfermer dans un domaine ou une culture.

 

Entre vos débuts en tant qu’architecte et aujourd’hui, qu’est-ce qui, selon vous, a changé dans la façon d’aborder votre métier ?

NC : La prise de conscience environnementale est désormais un leitmotiv fondant notre démarche de conception. C’est un paramètre déterminant, marquant notre volonté d’aller au bout de nos engagements, chaque fois que c’est possible.
Pour nous, il est essentiel de questionner sincèrement les savoir-faire. Nous dépassons les simples considérations spatiales pour nous impliquer dans les matérialités et les thématiques du réemploi.

 

Un projet vous tenant particulièrement à cœur et dont vous aimeriez nous parler ?

NC : La Grande Coco, un projet lauréat du concours « Inventons la métropole du Grand Paris », en octobre 2017. La Grande Coco s’inscrit dans la même lignée que celle de Melrose Sheds, notre projet d’autopromotion initial. Nous y sommes investisseurs. C’est un bâtiment situé dans le 20e arrondissement, qui a vocation à devenir un « tiers lieu » innovant, dédié à la transformation de la ville et favorisant la mixité d’usages.

 

Avec La Grande Coco, nous allons bien au-delà de l’architecture et c’est passionnant, bien que très prenant. Avec ce type de projet, nous élargissons notre champ d’action pour ouvrir des perspectives exaltantes. Tester, expérimenter, explorer de nouveaux territoires architecturaux est inscrit dans l’ADN de notre agence depuis ses débuts.

Nathalie Couineau
Agence des Clics et des Calques

 

Crédit photos : Agence des Clics et des Calques
Crédit vidéo : Verrecchia