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« La pierre, c’est l’histoire architecturale de Paris et de la métropole »

Alexandre Labasse, directeur général du Pavillon de l’Arsenal, lieu phare de l’architecture à Paris, explique pourquoi la pierre revient en grâce dans le monde la construction.

Fin 2018, le Pavillon de l’Arsenal, Centre d’urbanisme et d’architecture de Paris et de la métropole parisienne, proposait à ses visiteurs l’exposition « Pierre – Révéler la ressource, explorer le matériau ».

Selon les organisateurs, « face aux enjeux du climat, le bilan carbone des constructions nous oblige, et les critères environnementaux doivent subroger à tout autre élément de choix pour l’industrie immobilière ». Et d’ajouter que « sous ce prisme, aujourd’hui, seule la construction en pierre offre une réponse locale, naturelle, fondée et éprouvée.

L’enjeu est en effet de taille : la loi relative au Grand Paris de 2010 fixe en effet l’objectif de 70 000 logements par an pendant 25 ans. Et la pierre, selon une étude menée à l’occasion de l’exposition, offrirait un bel avantage : elle permettrait, par exemple, de diminuer de 60% les émissions de CO2 par rapport au béton sur des éléments de façade. Mieux, sur un cycle de vie de cinquante ans, toujours selon la même source, elle permettrait de réduire de 35% les mêmes émissions de CO2 par rapport au béton. Le taux de recyclage de ce dernier étant de 25%, pour… 90% pour la pierre.

Le directeur général du Pavillon de l’Arsenal, Alexandre Labasse, en dit plus sur l’utilisation de ce matériau si prisé autrefois pour construire des monuments architecturaux :

Quel intérêt la pierre présente-t-elle en matière d’architecture contemporaine ?

Alexandre Labasse : Plus que son histoire, ce qui nous intéresse, c’est de réinterroger les matériaux qui vont servir à construire la ville de demain.

La pierre n’a plus été utilisée pendant plusieurs années. On ne s’intéressait plus aux carrières qui entourent Paris, au profit de constructions en béton. Avec la modernité, l’arrivée des grands ensembles et l’évolution des techniques, le béton est devenu le matériau préféré pour la construction, qu’il s’agisse de logements ou de bureaux. La France est d’ailleurs un leader en matière de construction en béton.

>> VOIR aussi : Découvrez l’histoire de la pierre qui a bâti Paris

Il y a un enjeu climatique, aujourd’hui, qui fait que l’on s’intéresse à nouveau aux matériaux disponibles à proximité de chez nous, car ils offrent un meilleur bilan carbone. Nous sommes d’ailleurs convaincus qu’il faut et que nous allons pouvoir trouver des alternatives plus vertueuses écologiquement, comme la pierre ou le bois.

S’agit-il d’un matériau plus difficile à travailler que d’autres ?

A.L. : Il y a un savoir-faire, qui s’est peut-être un peu perdu mais la technique reste connue. Le problème est que le béton est désormais la pensée mainstream de la construction… Le ciment pose des problèmes car il est très émetteur de carbone et que le sable -qui sert à sa fabrication- se fait rare. Dans ce contexte, la pierre redevient donc une option très intéressante, alors que si elle n’avait pas disparu de la restauration des monuments historiques ou du luxe, elle avait disparu de l’architecture « du quotidien ».

Que peut faire le Pavillon de l’Arsenal ?

A.L. : De l’information auprès du grand public. Nous avons aussi monté une étude, il y a deux ans, pour mieux comprendre l’état des stocks de pierre en Ile-de-France, dans la mesure où il fallait revoir ce matériau, le revisiter et savoir comment le faire.

Tout cela nous a permis de déterminer que les gisements sont suffisants pour, demain, être en capacité de construire entre 6 000 et 10 000 logements par an en pierres porteuses.

La pierre qui servirait à la « construction du quotidien » demain est-elle exactement la même que celle qui a construit les monuments il y a plusieurs siècles ?

A.L. : C’est la même, le même matériau, la même façon de l’assembler, le même savoir-faire et les mêmes carrières ! C’est vraiment l’histoire de Paris. Le patrimoine parisien, pour plus de la moitié, a été construit sous Haussmann, constitué de pierre à 90%. La pierre, c’est l’histoire de l’architecture francilienne.

Beaucoup d’architectes, aujourd’hui, réinterrogent ce matériau. Non pas pour faire du pastiche d’Haussmann, mais parce que l’écriture architecturale d’aujourd’hui se fait avec les matériaux d’hier dont on va se servir demain.

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